La Cour des Comptes a publié une enquête assez cinglante sur le terminal multimodal du Havre pour les exercices 2008 à 2017, en pointant du doigt quelques choix « surprenants ».
« Lancée à la hâte, sans analyse préalable, dans des conditions protégeant mal les intérêts publics, la réalisation de cet équipement a abouti à un bilan financier déséquilibré entre acteurs publics et privés », ont conclu les magistrats. En clair, le terminal multimodal du Havre, qui a coûté 10,9 millions d’euros de plus que ce qui était prévu au départ, n’a toujours pas trouvé son équilibre économique (la structure a traité seulement 143 000 EVP en 2017).
Livré en juin 2015 par le maître d’ouvrage LH2T (Le Havre Trimodal Terminal), ce terminal vise pourtant à faciliter l’acheminement fluvial et ferroviaire des conteneurs vers et depuis Port 2000, la plate-forme du port du Havre dédiée à l’accueil de porte-conteneurs géants. La structure avait été placée en redressement judiciaire quelques mois après sa mise en service.
Absence d’analyse comparée
L’enquête a pointé certains choix « surprenants » du Grand Port Maritime du Havre, comme « l’absence d’analyse comparée des différents montages envisageables », ou « le consentement de conditions financières préjudiciables à ses intérêts ».
La Cour formule plusieurs recommandations :
- unifier la gestion du terminal multimodal et de la navette ferroviaire entre Port 2000 et le terminal, ce qui supposerait de mettre fin à la délégation de service public avec Normandie Rail Service (NRS) et unifier la structure dans le cadre d’une concession de services ;
- renforcer les capacités de régulation des terminaux maritimes par
l’autorité portuaire dans le cadre des conventions de terminal ; - veiller à ce que, dans les grands ports maritimes, les dossiers à enjeu financier important soient soumis systématiquement au comité d’audit en amont de leur présentation au conseil de surveillance ;
- assister les grands ports maritimes dans l’analyse juridique et financière des sujets complexes à fort enjeu financier, et ce dès le début des projets.
Réponses des ministres
Dans leur réponse datée du 26 septembre, les ministres François de Rugy et Elisabeth Borne ont concédé « des difficultés rencontrées dans sa phase de démarrage » mais ont estimé que le terminal répondait aux objectifs fixés, en admettant que l’unification de l’exploitation du terminal et de la navette constituait « un élément déterminant pour optimiser l’organisation du service de transport massifié ».
Pour lire l’ensemble du référeé, rendez-vous sur le site de la Cour des comptes.
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