Dans le port de Dunkerque, Total a avitaillé en gaz naturel liquéfié (GNL) le porte-conteneur géant Jacques Saadé de l’armateur CMA-CGM : c’est une une opération pionnière en France, qui en inaugure bien d’autres.
Techniquement, pour cet avitaillement, un bateau d’une plus petite taille, le Gas Agility, espèce de station-service flottante d’une capacité de 18.600 m3, s’est adossée au géant de CMA CGM pour lui faire le plein, sans interruption des opérations habituelles de manutention portuaire.
Le porte-conteneurs a ainsi été chargé de 16.400 m3 de GNL, avant de continuer sa route vers l’Europe du Nord. Le projet, baptisé Green Loop, a impliqué Total, le terminal GNL de Dunkerque, Mitsui O.S.K Lines et CMA-CGM, grâce à un cofinancement par l’Union européenne dans le cadre du programme Connecting Europe Facility Transport Sector. L’objectif étant de « promouvoir la décarbonisation du transport maritime en déployant en Europe du Nord une solution adaptée pour l’avitaillement en GNL ».
Un pari de Total
Pour Jérôme Leprince-Ringuet, vice-président de Marine Fuels chez Total, « le GNL a un rôle à jouer dans la transition énergétique », avançant une diminution allant jusqu’à 23% des émissions de CO2. C’est en tout cas le pari du groupe, qui prépare le passage au GNL des porte-conteneurs, qui devra peut-être composer avec d’éventuelles futures taxes européennes.
L’avantage de ce combustible fossile, que l’on trouve à l’état gazeux en sous-sol terrestre, c’est qu’il devient facilement stockable et transportable, une fois liquéfié à -160°C, sans avoir à passer par le réseau des gazoducs. Reste que ce gaz est quand même fossile, comme le pétrole. Et sa liquéfaction demande énormément d’énergie, alourdissant la note de l’empreinte carbone. Sans oublier les fuites possibles lors du chargement de méthane, un gaz quasiment 30 fois plus puissant que le CO2, élément de base du GNL...
Quelles alternatives ?
Reste qu’aucune alternative n’a été aujourd’hui éprouvée, même si du bioGNL peut être désormais produit à partir de la fermentation de déchets végétaux. Total a d’ailleurs racheté le groupe Fonroche, spécialiste du biogaz, pour développer la filière avec les agriculteurs.
Le groupe CMA CGM s’est lui aussi lancé dans l’exploitation de biométhane. Plus personne n’a vraiment le choix puisque l’Organisation maritime internationale impose une réduction d’émissions de CO2, d’au moins 40% d’ici à 2030. L’année dernière, seule 13% de la flotte mondiale commandée était à propulsion GNL.
Actuellement en cours de construction, un second navire avitailleur en GNL de 18.600 m3 rejoindra la flotte de Total d’ici 2022. Il desservira la région méditerranéenne. CMA-CGM a, lui, commandé neuf navires porte-conteneurs propulsés au GNL.
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