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La décarbonation des transports est-elle crédible d’ici 2050 ?

, par Erick Demangeon

L’Europe a fixé une décarbonation des transports d’ici 2050. A charge désormais aux Etats membres de mettre en œuvre les mesures pour atteindre cet objectif. Invitée à un débat de TDIE le 26 janvier, Anne-Marie Idrac de France Logistique demande aux pouvoirs publics français une trajectoire pragmatique et concertée avec la profession.

Dans sa communication « Un pacte vert pour l’Europe » ou « Green deal » du 11 décembre 2019, la Commission européenne a fixé un objectif ambitieux : la neutralité carbone d’ici 2050. Transversal, ce cap a été décliné au secteur des transports le 9 décembre 2020 dans la « Stratégie pour une mobilité durable et intelligente ». Validé par les Etats membres dont la France, ce texte prévoit un abaissement de 55 % des émissions du secteur d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990, et de 90 % à l’horizon 2050. Des livres blancs européens sur les transports de 2001 et de 2011, cette stratégie conserve la promotion du report modal pour le fret et la logistique. Elle innove en revanche en fixant une décarbonation de tous les modes. L’électromobilité, les biocarburants et nouveaux carburants, comme l’hydrogène « vert », sont les principaux leviers avancés pour l’atteindre avec le recours accru aux outils digitaux, à la fiscalité et à des mesures d’incitation.

Feuille de route ambitieuse

D’ici 2050 par exemple, cette stratégie prévoit que 100 % des poids lourds vendus dans l’Union soient « zéro émission » avec un objectif intermédiaire de 80 000 unités dès 2030. Le fret ferroviaire est appelé à augmenter de 50 % d’ici 10 ans et de 100 % d’ici 2050. Quant à la voie d’eau et le transport maritime à courte distance (short-sea ou cabotage), leurs volumes devraient progresser de 25 % sur la prochaine décennie et de 50 % vers 2050.
En matière de fiscalité, la tarification du carbone y est présentée comme une priorité d’ici 2030 tout comme l’intégration des coûts externes à chaque mode en 2050 avec la volonté affichée d’équilibrer la concurrence modale. Des livres blancs antérieurs, la nouvelle stratégie confirme enfin l’achèvement des deux volets du réseau transeuropéen des transports (RTE-T) : 2030 pour le réseau central et 2050 pour le réseau global.
Au total, elle comprend 82 mesures dont un cadre législatif devant être finalisé entre 2021 et 2024. Dès 2021, plusieurs révisions de directives et règlements européens sont programmés et concernent le transport de fret et la logistique. Elles portent sur les normes d’émissions des véhicules, dans l’aérien et le maritime, les infrastructures de carburants alternatifs, le RTE-T, les corridors de fret ferroviaire et les systèmes de transport intelligents.

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Anne-Marie Idrac, présidente de France Logistique
® DR

Le transport routier demeurera le mode dominant. Il a besoin d’approches pragmatiques

Réalités du TRM

Lors d’un webinaire le 26 janvier, le think-tank TDIE dédié aux questions de mobilité a fait intervenir plusieurs intervenants afin de partager leurs analyses sur cette nouvelle stratégie. Parmi eux, Anne-Marie Idrac a témoigné au nom des entreprises de transport de fret et de logistique en appelant la France « à ne pas devancer le calendrier fixé et à donner de la visibilité » aux acteurs de la filière. La présidente de France Logistique alerte sur la capacité du secteur et de ses fournisseurs industriels à atteindre la décarbonation des transports : « Aujourd’hui l’Europe ne compte que 2 000 poids lourds « zéro émission ». En France par exemple, les constructeurs de véhicules industriels ne prévoient qu’un millier de camions électriques d’ici 2 ans sur un marché où 30 à 40 000 camions sont renouvelés chaque année ». Anne-Marie Idrac rappelle aussi que « le coût d’acquisition d’un véhicule lourd « zéro émission » est 3 à 4 fois supérieurs à un camion diesel ou GNV ». Evoquant enfin l’autonomie de ces véhicules, les cadres législatifs à adapter et les réseaux de distribution à développer, elle demande aux pouvoirs publics une approche concertée avec les professionnels du secteur et à garder à l’esprit que « le transport routier demeurera le mode dominant. Il a besoin d’approches pragmatiques sachant que les marchandises ne se téléportent pas ».

Des milliards pour les transports

Le financement de cette stratégie est censé reposer sur le Mécanisme pour l’interconnexion pour l’Europe (MIE), les fonds européens de cohésion, le programme de recherche Horizon et le plan de relance « Next Generation UE » doté de plus de 670 Mds€ entre 2021 et 2023.
Abondés à hauteur de 23 Mds€ entre 2021 et 2027, 60 % des fonds MIE seront par exemple consacrés aux infrastructures dont Seine-Nord Europe et le Lyon-Turin, et 40 % aux carburants alternatifs et projets digitaux.


Voir en ligne : Stratégie pour une mobilité durable et intelligente (en anglais)

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