La CNIL épingle Amazon pour son usage des données des scanners

Au détour de missions de contrôle dans les entrepôts d’Amazon France, la CNIL s’est penchée sur les outils de planification du travail et d’évaluation des salariés et notamment sur l’exploitation par l’e-commerçant des données des scanners des articles. Selon la CNIL, Amazon extrait des données de scan trois indicateurs jugés illégaux :

• l’indicateur « Stow Machine Gun » qui signale une erreur lorsqu’un salarié scanne un article « trop rapidement » (soit en moins de 1,25 seconde après avoir scanné un précédent article).
• l’indicateur « idle time » (« temps d’inactivité »), qui signale des périodes d’interruption d’un scanner de dix minutes et plus.
• l’indicateur « temps de latence inférieurs à dix minutes  », qui signale des périodes d’interruption d’un scanner entre une à dix minutes.

La CNIL considère que ces pratiques constituent un manquement au RGPD et sanctionne en conséquence Amazon d’une amende de 32 M€, « pour avoir mis en place un système de surveillance de l’activité et des performances des salariés excessivement intrusif  ». Selon elle, le traitement de l’indicateur Stow Machine Gun permet de suivre de manière constante tout rangement effectué par un salarié à la seconde près et d’y associer une erreur en cas de rangement trop rapide. Deuxièmement, l’utilisation des indicateurs « idle times » et « temps de latence inférieurs à dix minutes » permet de suivre en permanence tout temps d’interruption du scanner d’un salarié sur une tâche directe, même très court.

L’instance précise que « de tels systèmes conduisent le salarié à devoir potentiellement justifier de chaque pause ou interruption ». Ils sont disproportionnés par rapport aux seuls enjeux d’atteindre l’objectif de qualité et de sécurité dans ses entrepôts.

La réponse d’Amazon

Dans un communiqué diffusé sans attendre par Amazon, ce dernier a indiqué son « profond désaccord avec les conclusions de la CNIL qui sont factuellement incorrectes » et se réserve le droit de faire appel. « L’utilisation de systèmes de gestion d’entrepôt est une pratique courante du secteur : ils sont nécessaires pour garantir la sécurité, la qualité et l’efficacité des opérations et pour assurer le suivi des stocks et le traitement des colis dans les délais et conformément aux attentes des clients  », explique Amazon. Et d’ajouter qu’il utilise au contraire la technologie pour faciliter le quotidien de ses salariés et mieux servir ses clients. « Comme la plupart des entreprises du secteur de la logistique, Amazon utilise un système de gestion d’entrepôt pour planifier et gérer ses opérations en matière de traitement des commandes clients, garantissant ainsi des processus fluides permettant d’accompagner le travail de nos salariés et de nous aider à répondre à la demande des clients », déclare le groupe.

Des mesures correctives

Concernant l’indicateur « Stow Machine Gun », Amazon explique qu’il vise une inspection correcte de chaque article (dans le respect des consignes de sécurité, notamment en adoptant les bonnes postures) avant d’être stocké, et ce afin de garantir que les clients reçoivent le produit qu’ils ont commandé dans l’état auquel ils s’attendent. Dans cette optique, cet indicateur permet à l’équipe de détecter si les articles sont stockés trop rapidement. En réponse aux interrogations de la CNIL, Amazon affirme que cet indicateur sera désormais désactivé. De plus l’indicateur « Idle Time », permet d’identifier une défaillance continue et anormale (c’est-à-dire supérieure à 10 minutes) et vise à détecter des problèmes susceptibles de mettre en danger les opérations ou la sécurité des salariés. « Dans le cadre des modifications que nous avons proposées à la CNIL, nous allons étendre le seuil de déclenchement de cet indicateur de 10 minutes à 30 minutes  », déclare Amazon.