Dunkerque vise la logistique

Après avoir obtenu les autorisations administratives requises, l’aménagement de la plateforme industrialo-logistique DLI-Sud sur le port Ouest de Dunkerque débutera cette année. « Sur 300 ha à proximité du terminal à conteneurs des Flandres, la moitié sera dédiée à la logistique », indique Daniel Deschodt. Selon le directeur commercial de Dunkerque-Port, les premiers terrains seront disponibles fin 2017, début 2018. Ciblant des projets d’implantation à long terme, cette nouvelle capacité multimodale (mer, fer, route) doublera les surfaces logistiques du port composées, pour l’heure, de 120 000 m2 bâtis. Sur le même site, 2016 a déjà été marquée par l’extension de 3 000 m2 pour 1,5 million € des entrepôts de Taillieu Logistique Nord (TLN) multipliant son offre par 2.
Premier port français d’importation de fruits et légumes en conteneurs (500 000 T l’an passé), Dunkerque est monté dans la chaîne de valeur, et a diversifié ses prestations dans cette filière. Pour l’Union des groupements de producteurs bananes de Guadeloupe et de Martinique (UGPBAN), son opérateur Dunfresh filiale du groupe belge Conhexa, réalise désormais l’ensemble des préparations de commandes sous température dirigée et conditionnements vers la grande distribution. Après un investissement de 2 millions, les bananes y reçoivent un ruban tricolore, et sont préparées à la vente en bouquet de 3, 4, 5 ou 6 fruits. Autre nouveauté : le transit de produits de la mer vers Boulogne-sur-Mer et les Hauts-de-France. Au premier trimestre 2017 enfin, la « cousine » de Dunfresh dans les surgelés, Dunfrost, disposera de nouveaux équipements mécanisés doublant sa capacité à Dunkerque à 90 000 m3. Un investissement de 7 millions €.
Plan de transport
L’année 2017 sera également marquée par la mise en œuvre du partenariat, non exclusif, conclu en juin 2016 entre le Grand port maritime de Dunkerque (GPMD) et SNCF Logistics. En sus de la ligne rail-route avec Bonneuil-sur-Marne, deux nouvelles rotations sont annoncées à court terme avec Strasbourg et le Sud de l’Oise. En projet aussi, la mise en œuvre de services route, rail, fleuve cadencés avec Dourges Delta 3 et le port de Lille qui disposent de liaisons sur toute la France et une partie de l’Europe.
Ces initiatives visent notamment à supporter un trafic conteneurisé en croissance de 7 % en 2016 (341 000 EVP, record historique), et pourraient servir à diversifier son activité transmanche opérée par le danois DFDS. Avec 680 000 camions (- 2 %), 751 000 voitures (- 8 %) et près de 3 millions de passagers, cette offre est aujourd’hui essentiellement en service accompagné ; des prestations non accompagnées avec le Royaume-Uni sont à l’étude. Le développement des flux export du tissu industriel portuaire est une autre priorité pour apporter du fret départ aux lignes desservant le port. Dans ce cadre, ArcelorMittal a décidé d’y expédier en 2017 une partie de ses produits finis avec, au départ, entre 5 000 et 10 000 EVP par an. « Le potentiel de notre hinterland proche est de 700 000 EVP. Nous captons 75 % des flux sur Dunkerque, 30 % sur l’agglomération lilloise et 10 % en Picardie. Il faut le conquérir », fixe Stéphane Raison, président du directoire du GPMD.
Economie circulaire
Alors que le lancement commercial du terminal méthanier dunkerquois est annoncé le 23 janvier avec la réception d’un premier navire de 207 000 m3 (!), trois nouvelles implantations industrielles généreront aussi des activités dès 2017 et 2018 : Ecophos (phosphate alimentaire), Indaver (acide chlorhydrique à partir du recyclage de produits chlorés) et Ecocem (ciment biologique). Les trois se distinguent par des approvisionnements en matières premières et/ou des livraisons de produits finis en circuits courts de ou vers des entreprises déjà présentes sur le port. Filiale de Katoen Natie, Indaver marque aussi le renforcement du groupe de logistique belge à Dunkerque…
Erick Demangeon