"Green supply chain dans un contexte de crise, enjeu de compétitivité ou de
communication ?" : c’est à cette question qu’ont tenté de répondre Philippe de Clermont Tonnerre, Sabine El Kasri, Jean-Raphaël Hetier et Jean-Marie Picard.
Philippe de Clermont Tonnerre, chargé de missions chez Star’s Service, Sabine El Kasri, directeur supply chain de Monoprix, Jean-Raphaël Hetier, directeur du développement durable de Pepsico France et Jean-Marie Picard, cofondateur et animateur du Club Déméter « environnement et logistique » ont été reçus par les étudiants du Mastère Spécialisé Logistique et Management de la supply chain de l’ESSEC le 20 mars dernier à la Maison des ESSEC à Paris. Voici leurs réflexions sur la supply chain verte.
Il y a dix ans, définir les contours de la supply chain était un challenge. Aujourd’hui, elle est au cœur de la stratégie des entreprises et supporte leur développement. Mais elle doit aussi veiller à préserver nos ressources, tant naturelles qu’humaines. Dans un contexte de crise tel que nous le connaissons désormais, le développement durable ne représente pas un coût, ni une simple opportunité, il est l’avenir de nos supply chains.
En centre-ville, des techniques sont à développer pour parvenir à servir durablement nos consommateurs citadins. Cependant, des solutions « vertes » ne pourront émerger que si tous les acteurs se mettent autour de la table : industriels, distributeurs, transporteurs, logisticiens du dernier kilomètre, pouvoirs publics. Hors des centres-villes, le développement durable nécessite de repenser en permanence les business models, les schémas de distribution, au sein de l’entreprise mais aussi au-delà, par le biais de partenariats et de mutualisation. Des techniques de pooling émergent d’ores et déjà dans le domaine des transports mais aussi des systèmes d’information. D’autres démarches collaboratives peuvent et doivent se développer, comme les systèmes d’échanges et de partage d’information. La mutualisation permettra de trouver un point d’équilibre entre viabilité économique, responsabilité sociale et respect de l’environnement, et ainsi de construire une réelle supply chain durable.
Les axes de développement de demain en termes de green supply chain touchent tous les maillons de la chaîne. Les enjeux majeurs tourneront autour des transports bien sûr, avec notamment le développement de chaînes de distribution multimodales, à l’image de ce qu’a entrepris Monoprix pour livrer ses 370 magasins en cœur de ville. Le sourcing et la production sont également concernés, et des industriels tels que Pepsico France ont déjà mis en place des programmes de production agricole plus respectueuse de l’environnement ou d’amélioration des conditions de travail de ses salariés. La logistique et la distribution urbaines sont aussi au cœur des problématiques de développement durable, et du travail des logisticiens du dernier mètre tels que Star’s Service. Mais demain, l’émergence d’une supply chain durable reposera également sur la capacité des entreprises à bâtir une supply chain agile.
Le développement durable ne sera à l’avenir ni une option, ni un must, ni un outil de green washing, mais deviendra un basique du pilotage des activités de l’entreprise, au même titre que la maitrise des coûts et que la performance en termes de service client. La supply chain est devenue globale, la performance doit l’être aussi, et la performance environnementale en fait bien sûr partie. C’est le défi que devront relever les supply chain managers de demain.
Sophie Borghetti, étudiante du MS Logistique et Management de la Supply Chain Essec Business School
