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TRM : Electrifier les routes plutôt que les poids lourds ?

, par Erick Demangeon

Dans l’attente d’une démocratisation de l’hydrogène, l’électrification des poids lourds reste très coûteuse en matériel et infrastructures. Une autre approche appelée « route électrique » est à l’étude. Elle a été présentée lors des Rencontres de la mobilité intelligente ATC-ITS le 19 janvier à Montrouge.

En Europe, la Suède et l’Allemagne sont des pays pionniers dans les recherches et tests consacrés aux systèmes de routes électriques (ERS). Ailleurs, des expérimentations sont également menées aux Etats-Unis, Japon et en Corée du Sud. Son principe, présenté par Bernard Jacob de l’Université Gustave Eiffel, «  consiste à alimenter les véhicules et à les recharger pendant leurs phases de roulage. Cette technique permet de limiter la quantité de batteries embarquées et le nombre de bornes de recharge fixes pour les charger ».

Les inconvénients du modèle « tout batteries + bornes fixes »

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Bernard Jacob, ingénieur général honoraire des ponts, des eaux et des forêts, chercheur à l’Université Gustave Eiffel
® UGE

En effet, le transport routier avec poids lourds électriques est confronté à plusieurs défis : « pour une autonomie de 1 000 km, un camion de 40 t a besoin de 8 à 10 t de batteries qui réduisent sa charge utile ». Le coût annuel de possession d’un tel camion serait de 167 700 € contre 142 500 € pour un modèle diesel équivalent, augmentant « de 42 % » le coût de revient à la tonne- kilomètre (t-km) produite ! Sans compter le prix des bornes et de leur raccordement au réseau électrique. Quant à la baisse des émissions de gaz à effet de serre, elle ne serait que de 60 % calculée du « puit à la roue ». L’utilisation de bornes de recharge rapides sur les trajets a aussi ses limites selon Bernard Jacob : « avec une autonomie ramenée à 400 km, un camion de 40 t a besoin 3 à 4 t de batteries et il faudrait prévoir des parkings avec 100 à 200 bornes de 350 kWh tous les 100 km ».

Un camion électrique avec 1000 km d’autonomie sur batteries augmenterait de 42 % le coût de revient à la tonne-kilomètre (t-km)

Un coût d’exploitation voisin au diesel

Trois technologies d’ERS sont aujourd’hui à l’étude : avec caténaires, par rails (ou conduction au sol) et par induction. Pour la France, des recherches ont déterminé le potentiel de chacune. Autoroutier, le réseau ERS national pertinent pour le fret routier lourd serait de 9 000 km. «  Il permettrait à un camion de quitter l’autoroute avec des petites batteries chargées pour une autonomie de 250 km ». Ce réseau « décarbonerait » le fret routier lourd de 86 % selon Bernard Jacob. Le coût annuel de possession d’un camion 40 t capable de l’utiliser s’élèverait à 140 000 € environ. Par rapport à un camion diesel équivalent, le coût de revient à la t-km produite serait inférieur de 1 à 2 %. Quant à la construction d’une route électrique de 9 000 km, il est estimé entre 30 et 36 Mds€ « finançable sur le modèle des concessions de 25 à 30 ans ». En contrepartie, sur la base d’un prix de l’électricité autour de 13 cts€/kWh, les transporteurs roulant sur un réseau ERS «  acquitteraient une redevance infrastructure + électricité de 17 à 21 cts€/km selon la technologie utilisée ».

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Test de route électrique par conduction mené en Suède
® DR

Impulsion européenne espérée

Pour concrétiser ce projet en France, « une expérimentation sur route ouverte serait nécessaire ». Tel est l’un des objectifs de l’appel à projets Mobilités routières automatisées, infrastructures de services connectés et bas carbone lancé le 20 octobre 2021. Les démonstrateurs de systèmes ERS y sont éligibles. Pour soutenir cette technologie, une mobilisation à l’échelle de l’Union européenne est également essentielle reconnaît l’universitaire «  afin de choisir une solution interopérable entre Etats membres ». Selon les recherches menées en France et les échéances de décarbonation du transport routier d’ici 2050, la construction d’un réseau ERS national et européen pourrait débuter à l’horizon 2025-2026.

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